Par cette douce après-midi, en ce début de printemps, un jeune homme tout de blanc vétu vînt se poser sur un banc. Assis face à la place principale de la ville, ce jeune sôt se détendait du mieux qu'il pouvait. La tête en arrière, les yeux fermés, le coeur envahi d'un sentiment de paix, il s'abandonnait aux rêveries qu'il aimait tant.
Pouvoir regarder Ekarys vu du ciel, voler parmis les oiseaux, jouer du violon jusqu'à la fin des temps et faire résonner à l'Unisson tous les êtres de Meyrrin... Que cela lui faisait du bien de rêver à tout cela... Un cri le tira de ses rêveries :
"QUI VEUX MON POISSON??? EN PROVENANCE DIRECTE DU PORT D'ARLQUADUM. PAS CHER!!!"
Il rabattit sa tête en avant et regarda ce qui se trouvait devant ses yeux. Une place emplie de monde, des hommes, des femmes, des nains, des naines, des orcs, une ribambelle de races qui discutaient, piallaient, hurlaient dans différentes langues plus ou moins jolies. Un mélange désopilant de couleurs et de formes se dévoilait sous le regard amusé de Rufus. En partant des jolies demoiselles dans des robes somptueuses et voluptueuses rouges, orangées, bleues jusqu'aux paysannes portant des habits campagnard mais gardant un certain attrait et en passant par les tenancières, esclaves et autres dames de la haute cour. Les hommes n'étaient pas en reste. Les guerriers arboraient fièrement leur armures portant les écussons de leur seigneurs, les nobles faisaient actes de noblesses en laissant les pauvres gens dans leur pauvre état, les pauvres faisaient la manche ou volaient à l'étalage. Tout cela était vraiment beaux. C'est de cela qu'était fait Meyrrin. Des gens avec des us et coutumes différentes, des cultures différentes, des languages différents mais qui par cette diversité, faisaient les fondations de Meyrrin. Et pourtant, ces fondations pouvaient se fendre d'elles mêmes en peu de temps.
De même que l'Orc au coin de la rue venait de traiter l'Elfe de "sale Gorback sans queue" ou que cet humain venait de foutre un nain un peu ivre dans le fossé, hors de sa taverne en l'insultant de "Nain berbe" ou de "nain imberbe", cette pluralité pouvait causer la déchéance sur Meyrrin. Les guerres d'intêret, ils y en avaient tout le temps. Les guerres racistes, ils y en avaient tout le temps. Ce qui est curieux, c'est de voir que certains arrivent à vivre dans un bonheur relatif avec d'autres quand certains, pourtant dans la même situation, ne le peuvent.
Rufus ferma les yeux une nouvelle fois, se laissant plâner au dessus des champs de blés, survolant les épaisses forêts, slalomant entre les pics et cols Ekaryssiens. Inlassablement, il répétait ce même rêve depuis plusieurs années, depuis tout gosse en fait. Mais ce rêve, ce fantasme l'emplissait d'allégresse, de courage, de joie...
"MAIS C'EST PAS VRAI! QUI M'A FICHU UN ESCLAVE AUSSI INCOMPETENT"
Surpris une nouvelle fois, le jeune homme rouvrit les yeux. Une esclave portant deux gros paquets sur le dos venait de s'écrouler à ces pieds, inconsient. Son maître ne trouvait rien de mieux que de la frapper à l'aide du livre qu'il avait entre les mains. Et tout autour, personne ne prêtait attention à cela: ceux qui voyaient la scène ne la voyaient pas vraiment ou faisaient semblant de ne pas la voir. Une autre facette du monde se dévoilait pour le plus grand malheur de Rufus : L'indépendance et la solitude. Peu de personnes en ce monde pensaient aux autres. Peu de personnes n'avaient le courage de s'opposer aux différentes règles et castes pré-établies. Il s'abaissa, sans quitter son banc : Symbole de refuge dans ce monde fou, et ramassa les paquets à l'Esclave en lui souriant. Elle lui prit des mains tout en souriant et le remerciant à son tour puis se remit sur pied et continua son chemin, se perdant elle et son maître au détour d'une rue.
Cette fois ci, Rufus ne ferma pas les yeux, préférant les garder ouvert pour contempler ce qui faisait à la fois son bonheur mais hélas... à la fois son malheur : La société. Car il est vrai que si la société permet d'échanger, de partager, d'apprendre, de comprendre, elle permet aussi de se haïr, de se détester, de s'auto-détruire.
Pourquoi le monde ne pourrait il pas fonctionner sans caste, sans grade, sans échelle... Juste avec des âmes équivalentes les unes aux autres...
Pourquoi le monde ne pourrait il pas fonctionner sans les armes, sans guerres, sans haines?
Pourquoi le monde ne peux il pas comprendre que tous désirent le bien être absolue, la vie sans soucis.
Peut être car c'est le propre des âmes. Peut être car c'est ainsi que les choses doivent se passer...
Fatigué, un jeune homme, assis sur un banc, dans le coin d'une place, quelque part sur un drôle de monde, se leva. Il se mit à marcher, doucement, et cela sans que quelqu'un ne s'en rendisse compte. Puis il disparu, ce noyant dans la masse infinie des âmes vivantes en ce monde. Et cela sans que personnes n'ai conscience que sur ce banc, ce simple banc de bois, quelques minutes plus tôt, un homme venait de refaire le monde à sa façon.